La start-up lève 8 millions d'euros avec l'objectif de couvrir 75 % des foyers français, contre 50 % actuellement. Avec une nouvelle opération financière de 8 millions d'euros, elle va aussi s'installer en Espagne dans le courant du premier trimestre 2021.
Petit à petit, Murfy tisse sa toile. Depuis son pivot en août 2018 vers l'intégration de réparateurs d'articles électroménagers, la jeune pousse a réalisé 38.000 interventions et devrait atteindre les 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année tout en étant rentable. Des caps qui lui permettent d'envisager un développement plus large guidé par une opération de financement de 8 millions d'euros avec Alter Equity et Investir&+, qui mêle augmentation de capital, dette et obligations convertibles collectées via la plateforme participative Lita.co .
« En France, 28 millions d'appareils tombent en panne chaque année et seuls 5 millions sont réparés par 5.000 techniciens, explique Guy Pezaku, l'un des cinq fondateurs de Murfy. Le plus souvent, les personnes pensent qu'il est plus simple d'en racheter un neuf alors qu'ils peuvent être en général réparés. » L'ambition de la start-up est de monter à 20 millions le nombre d'appareils retapés, mais ce qui implique la formation de 15.000 personnes pour répondre à l'accroissement de la demande . « C'est notre principal challenge pour l'année à venir, poursuit l'entrepreneur. Nous allons devoir investir pour revaloriser ce métier auprès des jeunes et continuer à former des gens en reconversion. »
L'enjeu est clé pour soutenir la croissance de la société qui a choisi d'engager les réparateurs plutôt que de construire une plateforme de travailleurs indépendants. Ce qui lui permet notamment d'éviter les dérives de surfacturation et les mauvaises pratiques d'une profession mal aimée. Pour le client, l'intervention est claire : un forfait de 75 euros hors pièces détachées lui est facturé. Et s'il n'est pas possible de réparer l'appareil, un autre de seconde main lui est proposé avec un avoir du montant de l'intervention.
De meilleures marges pour les constructeurs
Si l'entreprise s'inscrit dans un mouvement de durabilité des produits qui va à l'encontre du rythme des cycles de vente des marques, la start-up assure qu'elle ne les perçoit pas comme des concurrents indirects : « Nous voyons de plus en plus de pièces fragiles dans les machines, notamment en plastique, mais je pense que c'est dû à l'organisation du système des enseignes, estime l'entrepreneur. Les marques jouent le jeu et il n'y a que 3 % des cas dans lesquels nous ne pouvons pas intervenir. De plus, sur les pièces détachées elles peuvent appliquer une marge plus importante que sur la vente de produits neufs, où les distributeurs les mettent en concurrence. »
Avec ses nouveaux fonds, Murfy veut élargir sa zone de chalandise qui couvre actuellement 50 % des foyers français. Installé dans les villes de plus de 300.000 habitants, il a également pour ambition de déployer ses ateliers de réparation au plus près des marchés locaux, ce qui lui permet aussi de garantir une activité à ses réparateurs qui y interviennent lorsqu'ils ne sont pas chez les clients. « Nous allons investir dans la communication pour mieux nous faire connaître, détaille Guy Pezaku. Mais aussi pour arriver à 200 techniciens d'ici à fin 2021 et lancer notre activité à Barcelone dans le courant du premier trimestre de l'an prochain. »