En trois ans, le marché a changé. Les LPs ne doutent plus qu’il est possible de concilier rentabilité et responsabilité. Ils ont une conscience aigüe de l’urgence des enjeux liés sociaux et environnementaux. C’est donc naturellement qu’ils participent de l’émergence d’une classe d’actifs à part entière : celle de l’impact investing. Et la levée de fonds d’Alter Equity II vient en apporter la preuve. Alter Equity vient ainsi de réunir 55 M€ dans le cadre du premier closing de ce fonds de deuxième génération. Ce montant (supérieur à l’objectif de 35 M€ que s’était assigné le gérant pour cette première étape) est déjà supérieur à l’ensemble des engagements réunis par le fonds inaugural (41,5 M€). Au global, c’est 70 M€ de souscriptions qu’Alter Equity entend réunir en poursuivant la commercialisation sur les 12 à 18 mois prochains.
Fonds de dotation du Louvre
A ce jour, le véhicule a déjà été abondé par dix institutionnels, qui contribuent 80 % de l’enveloppe (le solde venant d’une trentaine d’entrepreneurs). La plupart des LPs du premier véhicule ont réinvesti, Bpifrance restant le souscripteur principal. On notera également la présence de trois nouveaux entrants, dont le fonds de dotation du Musée du Louvre. Celui-ci aura un rôle-pivot dans l’édifice. "Ce fonds de dotation a investi sous la forme d’une part de partage. Les souscripteurs de cette part s’engagent à ce titre à reverser l’excès de rendement (au-delà de 5 % net) à des projets destinés à la préservation du patrimoine bâti (châteaux, lieux remarquables, etc.) et environnemental (littoral, biodiversité, etc.) en France. L’équipe de gestion consacrera un tiers de son carried interest lié à ces parts au financement de ces projets », explique Fanny Picard, la présidente-fondatrice d’Alter Equity.
Tickets entre 1 et 10 M€
Avec son deuxième fonds, Alter Equity sera en mesure de placer des tickets compris entre 1 et 10 M€ dans des entreprises répondant à la thématique de responsabilité sociale et environnementale et affichant au moins 0,8 M€ de revenus. Si elle embarque ses participations dans un business plan extra-financier, elle s’engage aussi auprès de ses LPs à dégager un TRI net d’au moins 10 %. L’an passé, les lignes en portefeuille ont vu leur chiffre d’affaires croître en moyenne de 27 %. Dans le même temps, elles ont permis d’éviter l’émission de plus de 330 000 tonnes de CO2.
Emmanuelle Duten