Un jour, Nino sera peut-être homologué aux Jeux Paralympiques et fera presque oublier le handicap des athlètes en libérant totalement leurs performances. Inspiré de la technologie du gyropode combinée avec un design futuriste, ce transporteur électrique assis autobalancé sur deux roues, conçu par Nino Robotics, est bien parti pour révolutionner la vie des personnes handicapées ou ayant besoin d'un fauteuil pour se déplacer.
Convaincu de son potentiel, Alter Equity entre ce mercredi au capital de la société, créée en décembre 2014 par Pierre Bardina, à hauteur de 1,4 million d'euros. « Nous avons commencé en total autofinancement, avec mon épouse, Esther, et investi 40.000 euros dans les deux premiers prototypes de Nino, qui ont nécessité neuf mois de mise au point ", raconte le président-fondateur de Nino Robotics. « Puis la société Big Robots, distributeur de la marque Ninebot en France, est rentrée dans le capital pour un montant de 250.000 euros. " Pour l'heure, la start-up n'a bénéficié d'aucune aide publique.
Commercialisé depuis juillet 2015 au prix de 7.900 euros en France, ce véhicule électrique très novateur fonctionne de façon intuitive : on penche son buste vers l'avant pour avancer, vers l'arrière pour reculer ou freiner. Le guidon s'incline à droite ou à gauche pour tourner. Le fait de n'avoir que deux roues confère à Nino un rayon giratoire de zéro degré. Il tourne donc sur lui-même, permet à l'utilisateur d'avoir les mains libres et facilite le franchissement d'obstacles.
Le design, créateur de lien
Quelles circonstances ont conduit Pierre Bardina à imaginer Nino ? Recordman du monde de plongée en 1990, il a créé l'année suivante, à vingt-cinq ans, sa première entreprise, Les Eboueurs de la Mer. Paraplégique à la suite d'un grave accident de décompression en 1996, il replonge dans l'entrepreneuriat quatre ans plus tard. En 2000, il a lancé Andy.fr, l'un des premiers sites Internet français dédié au handicap avec, en parallèle, la conception et l'installation de 25 bornes dans les principaux hôpitaux et centres de rééducation, pour que les personnes en long séjour puissent surfer gratuitement. « L'idée de développer Nino m'est venue au fur et à mesure que j'ai pu essayer pour ce site, pendant plus de dix ans, tout type de matériel. Aucun ne mettait le design en haut du cahier des charges, alors qu'il est créateur de lien et peut changer l'image que donne au public une personne handicapée ou malade ", estime Pierre Bardina. Il a fait appel à un jeune designer lillois : « Matthieu Verbeke a aimé ma vision et nous avons très vite décidé de travailler ensemble sur ce concept. "
Après une présérie pour tester le marché, Nino a été fabriqué à 190 exemplaires pour sa première année de production. Ses principaux acheteurs sont des revendeurs de matériel médical et des loueurs de Segway. Agés de 13 à 75 ans, ses utilisateurs se déplacent pour moitié en fauteuil, les autres sont des personnes mal marchantes à la suite d'un AVC, une SEP ou d'une insuffisance cardiaque.
En 2016, Nino Robotics, dont le principal concurrent est Genny Mobility, vise un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros, qu'il espère quadrupler, à 6 millions en 2017, avec une équipe musclée de 10 personnes.