Voici les dix femmes du palmarès "Madame Figaro" de la finance responsable
Morgane Miel, Jean-Sébastien Stehli, Sofiane Zaizoune • Le 17 juin 2021
À la tête de fonds d'investissement ou dirigeantes dans l'asset management, ces femmes bousculent leur secteur pour mettre la finance au service du bien commun. Face à la crise climatique, aux inégalités et à la colère sociale, elles s'engagent, agissent avec force et gagnent en impact d'année en année.
Les voilà donc, ces dix femmes qui changent le monde de la finance et, par là même, le monde tout court. À l'heure de la relance, de l'urgence climatique et sociale, Madame Figaro lance son palmarès annuel des femmes qui bouleversent les codes du secteur financier. À la tête de plusieurs millions, voire de plusieurs milliards d'euros, elles investissent dans des entreprises et des projets durables et éthiques, prouvent que le profit, la préservation de l'environnement et la quête d'égalité ne sont pas incompatibles.
Dix femmes d'exception
Pour les sélectionner, Madame Figaro s'est associée à Sophie Vernay, fondatrice d’honneur de Financi’Elles, cofondatrice du cabinet Confiance & Croissance et du Siècle des femmes. Ensemble, nous avons identifié une centaine de femmes, présélectionné 15 d'entre elles pour leur puissance réformatrice, leur force d’innovation, leur impact et leur capacité à faire école. Enfin, dix d'entre elles ont été sélectionnées par un comité constitué, pour Madame Figaro, de Laura Pelouard, éditrice adjointe, de Jean-Sébastien Stehli, directeur adjoint de la rédaction, et de Morgane Miel, rédactrice en chef adjointe business, ainsi que de Sophie Vernay, de Nicolas Bouzou, économiste, auteur de Homo Sanitas (1), d’Élisabeth Laville, fondatrice du cabinet de conseil Utopies, spécialisé dans le développement durable et les entreprises à impact positif, et de Jacques-Olivier Martin, rédacteur en chef du Figaro Économie.
Le résultat ? Un premier palmarès de dix femmes de talent, qui font bouger, à une vitesse parfois impressionnante, un secteur longtemps obsédé par la seule rentabilité financière. Certaines sont connues et reconnues, d'autres œuvrent dans l'ombre. Toutes œuvrent à un monde plus écologique, plus juste, où la responsabilité et le souci du bien commun sont non-négociables.
Mélanie Biessy : "C'est une façon de rétablir les équilibres"
Son poste. Senior partner et COO chez Antin Infrastructure Partners
Son engagement. Juriste d’affaires, passée par France Télécom et la Caisse des dépôts, Mélanie Biessy a eu très tôt conscience de son statut de fille, puis de femme, dans un environnement familial très masculin. «Investir dans des projets responsables est une façon de rétablir les équilibres, dans le traitement de la nature comme dans celui des femmes et des hommes, quels que soient leur origine, leur sexualité, leur âge, leur formation, explique-t-elle. Notre objectif est d’apporter plus de pérennité et de bien-être dans une société meurtrie, en proie aux agressions et à la peur. Je vous confirme qu’être une femme portée par ces convictions au sein d’un milieu très macho et testostéroné, c’est faire figure d’électron libre.»
Son action. En 2007, à 35 ans, elle rencontre Alain Rauscher, fondateur d’Antin. L’alchimie est immédiate. Aujourd’hui, avec 17 milliards d’actifs et 20 % de rentabilité, Antin est le plus gros fonds d’infrastructures en France et compte dans le top 5 mondial. Il emploie 150 personnes de 26 nationalités, dont 40 % de femmes. «Investir dans les services essentiels à la vie (traitement de l’eau, énergie, chauffage…), c’était par nature être dans l’investissement durable, explique Mélanie. Nous avons simplement porté plus loin l’exercice.» Comment ? En excluant d’emblée toute activité polluante. Puis en installant un process d’accompagnement pour les entreprises en portefeuille, tant sur la gouvernance (le taux de femmes au sein des comex y est de 22 % en moyenne) que sur la diversité, les relations au travail, la transition énergétique. «Nous avons réussi à avoir de très fortes rentabilités en étant en phase avec nos valeurs, sans licencier la moitié des gens ni faire du cost cutting, comme tant d’autres, souligne-t-elle. Et nous nous appliquons tout ce que nous demandons à nos entreprises.»
"L’impact, c’est avoir une vision d’un monde plus large que nous" , MELANIE BIESSY
Son impact. Quand Mélanie Biessy s’engage, 17 milliards bougent avec elle. «Nous investissons dans les centrales thermosolaires, les réseaux hydriques et la gestion de la ressource eau, les réseaux de chauffage, de fibre optique ou dans le domaine du social avec les crèches Babilou.» Antin planche depuis 2020 sur une initiative qui explore ce que seront les infrastructures dans dix ans. Objectif : les développer à l’échelle nationale ou mondiale. «L’impact, explique Mélanie Biessy, c’est avoir une vision d’un monde plus large que nous.»
Fanny Picard, pionnière de la finance durable
Son poste. Fondatrice d'Alter Equity
Son engagement. Fanny Picard est une pionnière. Dès 2007, après une carrière brillante dans la banque et la finance, elle crée Alter Equity, l’un des premiers fonds d’investissement à impact. À l’époque, la finance durable n’intéresse personne, ou presque. Il lui faut six ans pour récolter les 50 millions d’euros nécessaires au lancement. Treize ans plus tard, elle a investi dans huit entreprises de tous secteurs. Des sociétés vertueuses, dont le chiffre d’affaires a crû de 66 % en moyenne et qui ont créé plus de 700 emplois.
Son action. Elle vient de lever 110 millions d’euros – bien plus que les 70 qu’elle visait – pour lancer un deuxième fonds d’investissement. Le signe que tout a changé depuis ses débuts.
Son impact. «Chaque société dans laquelle nous investirons veillera à adopter un business plan extrafinancier construit autour de dix à quinze indicateurs», précise Fanny Picard. Les entreprises devront notamment procéder à un bilan carbone et ouvrir leur capital à l’ensemble de leurs salariés. Une exigence forte, gage d’engagement mais aussi de rentabilité : Alter Equity vise un rendement net d’au moins 10 % et s’engage à verser 1 % de son chiffre d’affaires à des causes philanthropiques.
Aurélie Baudhuin, celle qui réveille le pouvoir des actionnaires
Son poste. Directrice générale déléguée de Meeschaert AM et directrice de la recherche ISR.
Son engagement. Diplômée de Sciences Po Grenoble en politiques sociales et environnementales, puis de Paris-Dauphine, Aurélie Baudhuin ne se destinait pas à la finance. «Mais j’ai trouvé dans l’ISR (Investissement socialement responsable, NDLR), balbutiant à l’époque, la réconciliation entre l’investissement et les enjeux écologiques et sociaux», explique-t-elle. En 2006, elle rejoint Meeschaert AM, à l’origine du premier fonds éthique de France, créé en 1983.
Son action. Après avoir développé le premier reporting Empreinte océan, pour évaluer les entreprises en matière de pollution marine et de destruction de la biodiversité, elle travaille à évaluer les empreintes alimentation, eau et sociales des sociétés qu’elle finance. Présidente du réseau Shareholders for Change, elle milite pour la création d’une taxonomie sur la biodiversité.
Son impact. En 2020, en plein confinement, Aurélie Baudhuin lève une coalition de 11 actionnaires du groupe Total. Ensemble, ils imposent à l’ordre du jour de l’AG une résolution sur la politique de réduction des gaz à effets de serre. Une démarche de démocratie actionnariale inédite en France : 25 % des administrateurs soutiennent son action et s’opposent à l’actionnaire. Le 28 mai dernier, Total présente une nouvelle résolution. Meeschaert vote contre : l’entreprise a déjà fait des progrès importants mais doit aller «bien plus loin, bien plus vite». Jusqu’à stopper l’exploration de nouveaux gisements gaziers et pétroliers, selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie. Pour respecter l’accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C… «Mais aussi, souligne Aurélie Baudhuin, pour anticiper les nouvelles réglementations et les mouvements de certains actionnaires, qui se désinvestiront peu à peu des énergies fossiles.»
Jane Ambachtsheer, la sprinteuse
Son poste. Global Head of Sustainability de BNP Paribas Asset Management
Son engagement. Néerlandaise d’origine, née au Canada, Jane Ambachtsheer se destine à la finance et s’apprête à rejoindre Londres quand une amie, qui la trouve fatiguée, lui suggère de faire un break. En guise de pause, elle passe une maîtrise de sciences sociales à Amsterdam. Sujet de la première conférence : l’impact du changement climatique sur les mouvements de population. «Je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! J’ai envoyé mes idées à Mercer, expliquant les effets des changements climatiques sur l’économie, la durabilité des projets, comment intégrer ces critères dans leurs investissements. Mon futur boss m’a appelée : “Venez faire ça chez nous.”»
Son action. En 2003, à 28 ans, elle devient associée et responsable de l’investissement durable chez Mercer. Sa compétence est reconnue internationalement. Elle contribue à créer les principes de l’ONU pour l’investissement responsable, soutenus aujourd’hui par 3 000 signataires avec plus de 100.000 milliards de dollars d’actifs. En 2018, elle entre chez BNP Paribas AM à Paris avec le but d’intégrer le développement durable à toutes les strates de la stratégie et de guider les décisions d’investissement vers une économie plus inclusive et respectueuse de l’environnement pour s’aligner sur l’accord de Paris en 2025.
Son impact. Deux ans après son arrivée, 80 % des fonds BNPPBAM sont devenus sustainable, sans perte financière, avec 331 milliards d’encours ESG. Jane Ambachtsheer a été classée parmi les 100 femmes les plus influentes de la place financière européenne par Financial News et sacrée Investment Leader of the year par Environmental Finance en 2020.
Eva Sadoun, le circuit court de la finance
Son poste. Cofondatrice et présidente de lita.co et de Rift
Son engagement. Enfant de l’Est parisien, diplômée de l’EM-Lyon et de l’Essec, Eva Sadoun a 18 ans lorsque éclate la crise des subprimes. Chez elle naît alors une obsession : remettre la finance au service des petites entreprises et des territoires, loin des produits financiers toxiques et désincarnés. Elle fourbit ses armes au Togo et en Inde, où elle monte un fonds et travaille dans le microcrédit, avant de revenir en France. En 2014, à 24 ans, elle fonde en compagnie de Julien Benayoun la plateforme d’investissement participatif lita.co.
Son action. Sa plateforme permet d’investir à partir de 100 euros dans tous types d’entreprises et associations, du textile écoresponsable aux véhicules électriques en passant par l’intégration des réfugiés ou l’habitat durable. Région, thématique, type d’impact, rendements… tous les critères sont modulables. «Les épargnants ont l’habitude de produits financiers très marketés, dont on ne sait pas très bien ce qu’ils financent, déplore Eva Sadoun. Sur lita.co, chacun structure son portefeuille et suit son évolution en toute transparence.» Le tout pour des rendements de 2 à 7 %. Eva Sadoun a aussi créé l’application Rift, le «Yuka de la finance», qui permet de scanner son épargne pour en mesurer l’impact environnemental.
Son impact. La plateforme lita.co a séduit plus de 60 .000 épargnants, permis à 140 entreprises de se financer, pour un montant total de 60 millions d’euros, et aidé à créer plus de 4 000 emplois. Coprésidente du Mouvement Impact France et de Tech for Good, Eva Sadoun invite aussi ses combats dans le débat public. Pour encourager chacun à prendre conscience de son pouvoir et à agir.
Laurence Méhaignerie : "Il faut changer la vision du capitalisme"
Son poste. Cofondatrice et présidente de Citizen Capital.
Son engagement. Issue d’une famille politique (un grand-père député, un père ancien garde des Sceaux), Laurence Méhaignerie cherche longtemps sa vocation. Chercheuse à l’Institut Montaigne, elle publie Les Oubliés de l’égalité des chances (1), coécrit avec Yazid Sabeg. Nourri de ce qui se pratique alors aux États-Unis et au Canada, ce rapport préconise des pistes de réflexion et d’action… peu adaptées à la lenteur administrative française. «Je me suis rendu compte que l’entreprise pouvait se saisir des sujets sociaux avec une efficacité bien plus redoutable que la sphère publique», explique-t-elle. D’où un virage à 360 degrés.
Les entreprises que nous finançons ont un droit de regard sur notre action, LAURENCE MÉHAIGNERIE
Son action. En 2005, elle s’associe à Pierre-Olivier Barennes pour créer un fonds d’un nouveau genre, au service des enjeux de société. «Nous misons sur des entreprises assez jeunes, mais avec un modèle économique puissant au service de l’impact. Nous les évaluons autour de cinq autres axes : la profondeur du besoin, leur capacité à transformer nos modèles économiques, ce qu’elles apportent comme bénéfice à la planète et aux hommes, l’accessibilité au plus grand nombre, l’intentionnalité du dirigeant – que veut-il changer au monde avec son projet ? Puis nous établissons un business plan impact annexé au pacte d’actionnaire. Notre intéressement est indexé à 50 % sur la performance financière et à 50 % sur l’impact social. Les entreprises que nous finançons ont un droit de regard sur notre action.»
Son impact. Devenu entreprise à mission (communauté créée par la loi Pacte), Citizen Capital vient de créer un fonds pour les agriculteurs et envisage de nouvelles voies d’investissement. «Il faut changer la vision du capitalisme, sinon cela se fera par la violence», conclut-elle.
Claire Gomard : "Entraîner le plus de monde possible dans la transformation de la société"
Son poste. Cofondatrice du fonds Women Leadership Capital chez Apicap
Son engagement. Après des débuts à Londres, comme analyste financière, Claire Gomard décide de se rapprocher de l’«économie réelle» : le financement d’entreprise. Elle rejoint Ardian, Milestone, puis Apicap, société de gestion indépendante, spécialiste du capital investissement en circuit court et des marchés sous-adressés.
Son action. Le lancement du premier fonds d’entrepreneuriat féminin, qui vise à investir 150 millions d’euros dans 10 à 12 PME ou ETI dirigées par des femmes, ou comptant au moins 30 % de femmes au comex. «Elles pilotent des entreprises de 20 millions d’euros de CA, et personne n’en parle, s’indigne Claire Gomard. Alors qu’elles représentent 15 % de ce secteur de l’économie, et que les PME dirigées par des femmes surperforment, elles n’attirent que 4 % des transactions du capital investissement.» Et pour sortir du cercle parisien, elle part à la rencontre des femmes en province, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg dans le but de construire un écosystème constitué d’une trentaine de clubs organisés par secteur d’activité et par région, où chacune puisse échanger sur les meilleures pratiques, les challenges rencontrés. «Nous mettons en place des actions de mentoring et de coaching pour aider les femmes à avancer et former une méthodologie de production durable, selon les normes ESG, qu’elles puissent faire accepter au reste de l’entreprise.»
Son impact. «Je voudrais créer des rôles modèles d’un pays à l’autre, des business cases pour les écoles de commerce. Je suis pour le partage total des idées, de la stratégie, de la méthode, pour entraîner le plus de monde possible dans la transformation de la société.»
Sofia Hmich, le génie précoce
Son poste. Fondatrice et présidente de Future Positive Capital
Son engagement. Franco-marocaine, Sofia Hmich grandit à La Courneuve avant d’intégrer HEC à 19 ans. Suivront Axa Private Equity à New York, Google, Index Ventures à Londres, puis Deezer en tant que chargée des levées de fonds. «J’ai vite compris que le capital-risque était porté vers les problématiques les plus rapidement lucratives, explique-t-elle. Mais quand on regarde le nombre de personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par jour dans le monde, l’ampleur des mouvements démographiques, ou quand on voit que 90 % des 20-40 ans veulent travailler pour des entreprises sustainable, qui peut encore croire que l’économie n’est pas en train de muter ?»
Son action. En 2018, à 30 ans, elle lève 51 millions d’euros : Future Positive Capital est né. Dix sociétés sont déjà en portefeuille, jugées selon cinq critères : leurs problématiques (risque climatique, santé des femmes, mobilité, alimentation) et leur potentiel international. Toutes sont jeunes (moins de quatre ans d’existence) et développent une technologie de pointe. Comme Dendra Systems, une IA qui permet la reforestation automatique de régions endommagées par l’exploitation minière. «Nous regardons enfin comment les entreprises sont gérées, comment et par qui le produit est construit. Chez nous, la responsabilité sociale est transverse.»
Son impact. Citée par Forbes en 2017 dans son classement des 30 under 30, Sofia Hmich compte multiplier la performance de ses entreprises et de son fonds par trois, et prouver ainsi que les meilleurs projets sont ceux qui placent l’innovation au service du bien commun.
Isabelle Vic-Philippe : "Les innovations doivent être acceptables socialement"
Son poste. Responsable de la gestion des fonds Euro Aggregate chez Amundi
Son engagement. Cette statisticienne et économiste passée par l’Ensae et l’EHESS, responsable d’un portefeuille de 20 milliards d’euros, œuvre depuis vingt-sept ans chez Amundi. «J’ai grandi à la campagne, avec un attachement à la terre, explique cette fille de viticulteurs. Face à l’utilisation des engrais, des pesticides, je me disais : mais que va-t-on faire de tout cela ? Je pensais à cette phrase attribuée à Saint-Exupéry : “Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.”» En 2016, le groupe lui confie la création de son fonds d’obligations vertes. En quatre ans, Isabelle Vic-Philippe multiplie son encours par trente, pour atteindre 1 milliard d’euros aujourd’hui. En 2019, elle réitère l’exercice avec la création d’un fonds social.
Son action. «On voulait mettre au point un produit avec les caractéristiques habituelles de rendement ou liquidités, et facile à comprendre afin de toucher la plus large cible d’investisseurs.» Amundi investit ainsi dans la première obligation verte d’Arkema, précurseur de la chimie du végétal. «Leurs polymères ultralégers, réutilisables, ouvrent la voie à une chimie renouvelable et améliorent l’efficacité énergétique des véhicules, explique-t-elle. Tout ce qui améliore la mobilité nous intéresse. Les innovations qu’on soutient doivent être acceptables socialement. On ne peut pas demander aux entreprises de s’engager pour l’environnement sans prendre en compte le coût social.»
Son impact. Chaque million d’euros investi par son fonds permet d’éviter l’émission de 450 tonnes de CO2 par an. «Mais nous publions chaque année un rapport d’impact bien plus fouillé, ainsi qu’un rapport d’engagement destiné au monde bancaire. Pour entraîner le plus possible d’émetteurs dans cette démarche.»
Marie Fromaget : "Remettre l’humain au centre de la stratégie"
Son poste. Analyste ESG, chargée de la recherche et engagement sur le capital humain et la diversité chez AXA IM
Son engagement. Après un master en économie, énergie et finance carbone, Marie Fromaget fait un stage chez Carbonium, une TPE. «On m’a mise sur les certificats verts, raconte-t-elle. J’ai été passionnée par la création de cette activité au sein de l’entreprise.» Après un voyage de huit mois en Amérique latine et la création d’une entreprise de chaussures avec des artisans locaux, la jeune femme entre chez Kepler Cheuvreux comme analyste ISR. «Les entreprises parlaient beaucoup du climat, mais très peu du social, explique-t-elle. Or, les enjeux de capital humain sont créateurs de valeur. Il faut remettre l’humain au centre de la stratégie.»
Son action. Chez AXA IM, elle décide d’appliquer en France les principes du 30 % Club Investor Group initié au Royaume-Uni. Son idée : réunir plusieurs sociétés de gestion actionnaires pour peser ensemble sur la gouvernance des entreprises du SBF 120 et les aider à atteindre au moins 30 % de féminisation de leur comex d’ici à 2025.
Son impact. À 34 ans, elle a pris la coprésidence d’une coalition de 12 membres représentant 5500 milliards d’euros d’actifs sous gestion. «L’idée, précise-t-elle, est de rencontrer les dirigeants des entreprises où nous investissons pour leur expliquer pourquoi la diversité et l’inclusion sont importantes pour elles. » Les membres de la coalition explorent avec l’entreprise les actions mises en place, qui en sera responsable au plus haut niveau et qui établira un suivi des engagements. Une première en France.
(1) Homo sanitas, de Nicolas Bouzou, Xo éditions, 299 pages, 19,90. En vente sur livre.fnac.com.